Nouvelles vagues d’instructeurs du PCC dans les entreprises « privées » en Chine

Le 10 janvier dernier, le quotidien officiel de la Province du Shaanxi publiait un article vantant la mise en place de 25 jeunes cadres prometteurs du parti dans autant de grandes entreprises privées (non étatiques, littéralement « entreprises civiles » ) de la province en qualité de « 1er secrétaire » du parti communiste avec pour objectif le développement… du secteur non-étatique.

C’est le Département de l’Organisation du comité du parti de la province de Shaanxi – sa DRH – qui a réalisé la sélection. Leur tâche première est, selon l’article, « d’aider les entreprises hôtes à renforcer la construction du parti communiste dans l’entreprise ainsi que la mise en œuvre des mesures édictées lors du 20ème Congrès », qui s’est tenu au mois d’octobre dernier à Pékin.

Leur recours dans l’entreprise « privée » s’opérera soit à temps partiel lors de crises – on pense à celle survenue dans l’usine principale de Foxconn , le sous-traitant d’Apple en Chine dans le Henan désertée par ses employés à l’automne dernier nous a fourni une récente illustration – ou à plein temps.

Leur fiche de mission fait aussi mention de l’appui aux « nouvelles organisations économiques » et sociales. Celles-ci, – dont les statuts évoluent depuis plus de dix ans et ne sont pas nouvelles – comprennent toute forme d’entité non financée directement par l’Etat. Leur définition officielle fait référence au « développement de l’économie de marché socialiste » et couvre toute structure économique détenue exclusivement ou majoritairement par des chinois, hommes d’affaires de Hongkong, Macao ou étrangers.

Cette politique de détachement de cadres du PCC dans les entreprises du secteur non-étatique en Chine se veut être la traduction de la politique économique nationale dite de l’équilibre entre le développement de l’économie dirigée et financée par l’Etat et le secteur « marchand ».

Depuis quelques mois en Chine Cette politique fait l’objet d’âpres débats et de mises au point au sein des élites gouvernantes, y compris par voie de presse.

Pour ce qui concerne les entreprises étrangères en Chine, le phénomène n’est pas nouveau. Il a été institué dans les années 80 à Pékin. En 1984, la ville de Shanghai crée le Shanghai Foreign Service Co, aujourd’hui appelé le (Shanghai) Foreign Service Group, une entreprise spécialisée dans la fourniture de services de ressources humaines pour les entreprises nationales et étrangères et les bureaux de représentation étrangers en Chine. Elle se targuait, en 2012, d’avoir développé une plateforme digitale du nom de « Maison du Parti des entreprises étrangères » prodiguant ses services à 24 000 entreprises étrangères autour de 400 branches du parti spécialisées.

Ne serait-il pas temps de dresser un bilan et de tirer les enseignements de cette situation qui ne cesse de se développer depuis lors vers une prise de contrôle progressive de nos centres de décisions économiques et industriels en Chine et à l’étranger ?

Inauguration d'une cellule du parti communiste dans une entreprise étrangères, dans le Quotidien du Peuple ®, le 18 janvier 2018.

Sinopole est un centre de ressources dédié au décryptage des stratégies industrielles et politiques de la Chine

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